L’assemblée générale ordinaire de l’association était convoquée à Tours, le 27 mai 2010 à 10 heures, dans l’auditorium Ronsard du magnifique centre international de congrès Le Vinci, en prélude au congrès réuni les 28 et 29 mai à Tours et Amboise.
Les sections de métropole et d’outre-mer, ainsi que les délégations ou associations de l’étranger étaient largement représentées, en la personne de leurs présidents et des délégués des comités qui avaient fait le déplacement, soit 269 compagnons, pour entendre les rapports et se prononcer sur les résolutions engageant la vie de l’association. Compte tenu des pouvoirs, on a dénombré 614 votants.
Outre l’ouverture par le vice-président Bernard Debrades, mandaté par le conseil d’administration à l’effet de diriger les débats à la suite du décès brutal du président national, l’ordre du jour comportait notamment et classiquement les points suivants : rapport d’activités et rapport financier de l’année 2009 ; rapport des commissaires aux comptes ; budget 2010 ; renouvellement partiel du conseil d’administration ; rapports des commissions ; nominations dans l’honorariat d’anciens présidents de section et réponse aux questions écrites.
Cette année, l’assemblée générale était en sus exceptionnellement appelée à se prononcer sur le recours formé, conformément aux statuts, par M. Alain Kremer à l’encontre de la décision du conseil d’administration en date du 17 février 2010 de l’exclure de l’association, après avis motivé de la commission d’éthique.
Le compte-rendu complet de l’assemblée générale est joint au numéro 125 de septembre " Le Mérite", comme les années précédentes. Les actes et conférences du congrès seront présentés dans ce même numéro 125, ainsi que les visites du château d’Amboise et du Clos Lucé.
A l’issue de l’assemblée générale, le conseil d’administration s’est réuni pour élire un nouveau président de l’association et composer le bureau du conseil.
De gauche à droite:
MM. Antoine Ulrich et Gilbert Bouhet reconduits dans leurs fonctions de trésorier et de trésorier-adjoint.
Mme Hélène Blanc élue vice-présidente.
M. Jean-Claude Talbert, professeur d’université, ancien secrétaire général de l’association, président de la section de la Corrèze, élu président national.
M. Gérard Elbaz élu vice-président.
Mme Marie-Paule Higounet élue secrétaire-général-adjoint.
M. Luc Simon-Collonge élu secrétaire-général.
En ouvrant cette 35ème assemblée générale ordinaire de notre association, je suis partagé entre deux sentiments. J'éprouve tout d'abord un réel plaisir à vous retrouver, car j'ai, parmi vous, un grand nombre d'amis fidèles qui ont toujours été à nos côtés et, dans le contexte actuel, l'amitié et la fidélité sont deux valeurs fortes. Ce sentiment est malheureusement tempéré par une grande tristesse, dont vous connaissez la cause.
J'occupe en effet aujourd'hui, malgré moi, une place qui n'aurait pas dû m'échoir. Comme je le disais dans l'éloge funèbre que j'ai prononcé le 30 avril, lors des obsèques de notre regretté président, François Koscher, nous avons perdu, le dimanche 25 avril, un chef, un guide, un grand monsieur très humain, un ami.
Dans l'immédiat, je vous demande, afin d'honorer sa mémoire et celle de tous nos compagnons disparus depuis notre dernière assemblée générale, de bien vouloir respecter une minute de silence...
Avant de commencer nos travaux, je tiens à féliciter et remercier le président Curie-Nodin et toute son équipe qui ont magnifiquement œuvré en liaison avec notre secrétaire général Jean-Claude Talbert et nos collaboratrices du siège, pour que les deux manifestations que nous avons décidé de joindre cette année, assemblée générale et congrès, soient parfaitement réussies, ce que vous constaterez par vous-mêmes. Nous allons passer maintenant à l'ordre du jour. […]
C’est maintenant une tradition pour moi, et je le fais avec beaucoup de plaisir, croyez-le bien, de vous présenter les compagnons qui ont été élus au cours de cette année comme président de section. Je citerai leur nom par ordre alphabétique des sections : Ardennes : M. Serge Anciaux ; Aisne : M. Jacques Léger ; Bouches-du-Rhône : M. Jean-Noël Bévérini ; Côtes-d’Armor : M. Jean-Louis Dozier ; Doubs : M. Denis Noegelen ; Hérault : M. Pierre Bourtayre ; Lot : Mme Paulette Pradelle ; Moselle : M. René Spielmann ; Pyrénées-Atlantiques : M. Michel Croizet ; Hautes-Pyrénées : M. Jacques Duvin ; Bas-Rhin : M. Jean-Paul Gillmann ; Var : M. Jean Morelli ; Vaucluse : M. Michel Grandin ; Yonne : M. Guy Loury. Nous leur souhaitons à tous, bonne chance, pour la conduite de leur section et pour les lourdes responsabilités qui sont désormais les leurs. Je pense que nous pouvons les applaudir.
Les effectifs
Au 31 décembre 2009, nos adhérents étaient 36 577. Ils étaient 36 587 au 31 décembre 2008. Comme vous pouvez le constater la baisse de nos effectifs n’est que de 10 membres. Pourtant, nous avons enregistré 2178 nouvelles adhésions mais malheureusement le nombre de décès est de 1118. Entre ceux qui démissionnent, ceux qui changent de section et ceux qui sont mutés, il est très difficile de pouvoir définir le nombre exact de compagnons à un instant précis. Je vous rappelle, comme tous les ans, que l'adhésion des nouveaux compagnons doit être l'affaire de nous tous. Chaque membre de l'ANMONM doit agir pour assurer le développement et le rayonnement de notre ordre.
Le conseil d’administration
Les différentes réunions du conseil d'administration ont eu lieu à Paris à l’hôtel des Invalides les 21 septembre, 28 octobre 2009, 17 février, 14 avril et le 30 mai de cette année 2010. Le bureau, composé du président, des deux vice-présidents, du secrétaire, du secrétaire-adjoint, du trésorier et du trésorier-adjoint s’est réuni deux autres fois, le 18 juin, jour de l’inauguration de la place de l’Ordre national du Mérite à Brive-la-Gaillarde et le 4 septembre à Paris. Le bureau se réunit également la veille de chaque conseil d’administration.
Journée du 3 décembre 2009
Comme tous les ans, cette journée du 3 décembre s’est décomposée en deux temps, avec tout d'abord, le ravivage de la Flamme à l'Arc de triomphe, puis la remise des prix du civisme au Conseil constitutionnel. Cette commémoration a été confortée par la présence de M. Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel, du Grand Chancelier de la Légion d’honneur, Chancelier de l’Ordre national du Mérite, le général Jean-Pierre Kelche, et de nombreux officiels… Cette année, et pour la première fois, une classe de l’école primaire de Saint-Lambert (15ème arrdt de Paris), accompagnée de ses enseignants, avait été invitée à la cérémonie sous l’Arc de Triomphe. Tous les lauréats du prix du civisme ont également assisté, entourés des compagnons présents, au ravivage de la Flamme.
Après la cérémonie, nous nous sommes retrouvés au Conseil constitutionnel, en présence du ministre de l’Éducation nationale, M. Luc Chatel. M. Debré nous présenta ce haut-lieu qui veille à la régularité des principales élections et se prononce sur la conformité des lois et de certains règlements. Ensuite, le président de la commission du civisme, Bernard Debrades, donna les différents palmarès. Avant chaque remise de récompense, un membre de la commission relatait les faits remarquables effectués par les lauréats. Ceux-ci reçurent différents prix ainsi que les félicitations de toutes les personnalités présentes et de tous les compagnons (cf. Le Mérite n°122).
Réunion des présidents
L’ensemble des présidents et ceux de certaines sections de l’étranger se sont réunis le 22 septembre 2009, dans les salons de l’Hôtel Méridien à Paris. Après les chaleureux mots de bienvenue prononcés par François Koscher, beaucoup de présidents ont pu poser de nombreuses questions aux membres du bureau et du conseil d’administration. Ces questions concernaient essentiellement les points suivants : préparation du congrès de Tours et du cinquantième anniversaire de l’association, les statuts et le déroulement du vote à la prochaine assemblée générale. Cette journée fut très enrichissante, et également riche en contacts, rencontres et ceci dans un esprit de convivialité pour le rayonnement de notre association.
Les lettres d’information
J’ai adressé aux présidents, secrétaires et trésoriers de chaque section, deux lettres d’information : une en janvier et l’autre en avril 2010. Ces lettres d’information n’ont qu’un seul but : indiquer quelques points pratiques, notamment sur le fonctionnement de notre association.
Déroulement de l’assemblée générale
A la demande de notre regretté François Koscher, qui ne voulait pas que se reproduisent les incidents de l’année précédente, certains points du déroulement de l’assemblée générale d’aujourd’hui ont été modifiés en vue d’assurer la régularité et la sérénité des différentes opérations de vote : émargement avec attribution de supports distinctifs permettant de tenir compte de manière exhaustive des procurations régulièrement signifiées, tant dans les votes à mains levées que dans les votes à bulletins secrets.
Les opérations de votes sont placées sous le contrôle du secrétaire général et du vice-président de la section d’Indre-et-Loire. Le nombre de scrutateurs est de 24, dont 6 membres du conseil d’administration n’étant pas soumis à réélection cette année.
Antoine Ulrich, trésorier national, et Henri Pavie pour la partie revue Le Mérite, présentent les comptes de l’association pour l’exercice 2009 : comptes du siège et comptes consolidés incluant les comptes des sections. Ces comptes font apparaître un résultat positif de 45 K€ pour la gestion du siège et de 64 K€ pour l’ensemble siège et sections, illustrant les efforts entrepris pour améliorer de manière décisive la gestion de l’association.
Les comptes spécifiques au Mérite sont individualisés pour la première fois. Seulement 60% des adhérents ont souscrit en 2009 l’abonnement à la revue, soit 21 387, alors que le budget avait été établi sur la base 75%, soit 28 000. Malgré une bonne maîtrise des charges, le poste revue est donc déficitaire. Il aurait toutefois suffit d’un peu plus de 1000 abonnements supplémentaires pour les équilibrer. Le budget 2010 est établi sur la base d’un taux de souscription de 66,6% (24 000).
Le commissaire aux comptes, M. Olivier Benyamin, les certifie réguliers et sincères.
Puis, après l’approbation des comptes 2009 par l’assemblée générale, le trésorier national et le président de la commission des publications présentent le projet de budget pour 2010, qui est approuvé par l’assemblée. Le montant des cotisations et celui de l’abonnement au Mérite sont inchangés.
Par vote à scrutin secret, l’assemblée générale a élu comme nouvel administrateur M. Pierre Bourtayre, président de la section de l’Hérault, et renouvelé pour trois ans les mandats des administrateurs sortants qui se représentaient : Mmes Hélène Blanc, Anne-Marie-Duro et Jeanne Jubert, MM. Gilbert Bouhet, Michel Cours-Mach et Michel de Chardon. En outre, après avoir modifié son ordre du jour, l’assemblée générale a ratifié, conformément à l’article 9 des statuts, la cooptation par le conseil d’administration de Mme Simone Lotte sur le poste vacant.
Les résolutions présentées par le conseil d’administration à l’assemblée générale ont été approuvées par une très large majorité.
A l’issue de l’intervention de M. Kremer, l’assemblée générale se prononce à bulletins secrets et confirme à la majorité la décision du conseil d’administration en date du 17 février 2010.
Puis l’assemblée générale entend les rapports de commissions, dont le texte figure dans le compte-rendu statutaire publié dans le n° 125 de la revue "Le mérite". :
- commission nationale du civisme, Michel Cours-Mach ;
- commission nationale du développement et du recrutement, Gérard Elbaz ;
- commission du site Internet, Jean-Claude Talbert ;
- commission nationale des publications, Henri Pavie ;
- commission des sections et délégations de l’étranger, Jean-Paul Savelli.
Intervention de clôture de Bernard Debrades
Je tiens à féliciter sincèrement, comme François Koscher l'aurait fait lui-même, tous les membres du conseil d'administration qui ont su lui prouver, lorsque c'était nécessaire, leur grande cohésion, leur parfait dévouement, et leur profonde sympathie.
Un grand merci à nos collaboratrices du siège, dont on a peine à imaginer tout ce qu'elles font, combien elles ont à cœur de remplir leurs différentes missions, sans jamais compter leur temps qu'elles nous accordent largement.
Concernant notre président François Koscher, je n'évoquerai pas l'homme, nous l'avons tous connu et apprécié pour ses qualités de meneur d'équipe, profondément humain. Il a su donner à notre association un mouvement, une vie, une personnalité, un esprit unanimement reconnus tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. En quelques années, il a impulsé un mouvement de réalisations dépassant largement tout ce qui avait été fait depuis la création de l'association.
Je citerai simplement quelques exemples pour mémoire : de nouveaux statuts et un nouveau règlement intérieur ; notre site Internet ; une comptabilité analytique performante ; la délivrance centralisée des reçus fiscaux ; une revue d'un très haut niveau ; la création de nombreuses sections étrangères ; une charte graphique nationale ; la refonte complète de notre base de données ; un mémento des présidents et secrétaires de section ; la création ou le redémarrage de neuf commissions, avec chacune une feuille de route très précise, des objectifs, des plannings et la participation de l'ensemble des administrateurs ; et l'un de ses plus beaux fleurons, la cérémonie du 3 décembre, unanimement reconnue et qui voit la participation des autorités nationales augmenter chaque année.
François s'est énormément investi pour notre association qu'il aimait tant. Peut-être trop investi... Il a été injustement agressé, il ne comprenait par pourquoi, car il donnait le meilleur de lui-même. […]
Dans vos sections, vous faites beaucoup pour notre association. Le travail effectué par la grande majorité d'entre vous est très beau pour du bénévolat et vos réalisations sont nombreuses. Je citerai simplement les baptêmes de plus en plus nombreux de places de l’Ordre national du Mérite dans de petites ou grandes agglomérations. Nous souhaitons les voir se multiplier, car c’est l’un de nos projets importants des manifestations pour le 50ème anniversaire de la création de notre ordre. En tant que président de cette commission, je vous en remercie à l’avance.
Je suis toujours agréablement surpris quand j'assiste à l'une de vos assemblées générales, de voir combien vous vous investissez à titre personnel et savez motiver vos équipes. Au nom du conseil d'administration je vous dis un grand bravo et merci !
Nous avons encore beaucoup à faire, je devrais dire : « vous avez encore beaucoup à faire ! », pour donner à notre association l'image et la place qu'elle mérite dans notre nation. Je sais que nous pouvons compter sur vous, comme vous pouvez compter sur votre conseil d'administration et, tous ensemble, nous réaliserons de très belles actions, dont nous pourrons être fiers.
Après la réunion du conseil d’administration, trois séances de travail ont mobilisé les présidents de section, les secrétaires et les trésoriers.
Tous les participants qui le souhaitaient ont pu participer à l’une ou à l’autre de ces réunions techniques sur la vie de l’association dans les départements et les relations des sections avec le siège.
Cela eut été avec une grande joie, en mesurant l’honneur qui nous est fait, que les compagnons d’Indre-et-Loire vous auraient reçus pour ce 27ème congrès. Malheureusement le destin en a décidé autrement et c’est une grande tristesse qui nous étreint depuis la disparition brutale du général Koscher, auquel nous rendons hommage, en pensant à sa famille durement touchée par cette épreuve. Je crois que nous ne pouvons mieux faire que de continuer, modestement à notre niveau départemental, en prônant et développant cette association qui lui tenait tellement à cœur.
A ce sujet je voudrais, d’ores et déjà, préciser que la Touraine a fait œuvre de précurseur en créant, dès 1969, l’Amicale tourangelle des membres de l’Ordre national du Mérite qui fut à l’origine de la création dans les départements voisins d’amicales qui constituèrent, le 13 mai 1974, la Fédération régionale du Centre des amicales de l’Ordre national du Mérite.
A l’invitation du général de Boissieu, Grand Chancelier de la Légion d’honneur et chancelier de l’Ordre national du Mérite, la Fédération régionale et ses sections, à l’unanimité, fusionnèrent avec l’Association nationale et devinrent sections départementales.
Nos accompagnants ont eu le plaisir de visiter Villandry et Langeais.
Le château de Villandry, propriété de la famille Carvallo, aujourd’hui exploité par notre compagnon Henri Carvallo, a été restauré et aménagé en grande partie par l’arrière-grand-père, le grand-père et le père de notre ami qui continue leur œuvre en la développant. Villandry est surtout connu pour ses jardins : le potager décoratif, les jardins d’ornement, le jardin d’eau etc. Mais le château lui-même vaut le détour, l’intérieur réaménagé au XVIIIème siècle a été entièrement restauré.
Langeais est l’un des rares châteaux médiévaux de Touraine, construit en 1465 sur ordre de Louis XI. L’aspect extérieur avec ses mâchicoulis et ses hautes toitures est inchangé depuis le Moyen – Âge. A l’intérieur, les lits, les coffres aux serrures ouvragées, les chaires, les crédences de style gothique flamboyant constituent avec les tapisseries un ensemble unique de la vie au Moyen Âge. C’est le 6 décembre 1491 que la Bretagne est devenue française puisque, pratiquement en secret, la duchesse Anne de Bretagne épouse à Langeais le roi de France Charles VIII.
J’espère que le déjeuner de cette journée en l’Abbaye de Bourgueil fondée en 990, aura permis à nos accompagnants de restaurer leurs forces pour continuer les visites.
Aujourd’hui, la matinée est réservée en grande partie à l’UNESCO et au Val de Loire, consacré par cet organisme, mais je ne voudrais pas en déflorer le sujet. Cet après-midi, nos accompagnants pourront visiter le Musée du compagnonnage dont le conservateur Laurent Bastard est membre de notre association.
Demain nous nous rendrons à Amboise en longeant la Loire. Le fleuve royal a vu passer des gabarres qui le remontaient, chargées de vin, de tuffeau, d’ardoises et de chanvre, des « toues » qui portaient une cabane que les pêcheurs utilisent encore. Elle a reflété, églises, villages, manoirs, habitations creusées dans le tuffeau, caressé le pied des vignobles, aux noms fameux, mais est restée mystérieuse, capricieuse, imprévisible, au chenal se modifiant, aux sables instables.
Voyons ce qu’en disait notre bon La Fontaine :
« Mais le plus bel objet - C’est la Loire, sans doute - Elle répand son cristal - Avecque magnificence -Et le jardin de la France - Méritait un tel canal. »
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Le château d’Amboise construit sur un éperon rocheux, ancienne demeure féodale ruinée par les Normands au IXème siècle, a été rebâti par Foulques Nerra, comte d’Anjou vers la fin du Xème siècle. C’est à Amboise que fut créé par Louis XI l’ordre de Saint-Michel, un des ancêtres de l’Ordre national du Mérite. Mais le destin du château est surtout lié à celui de Charles VIII qui y naquit en 1470 et en décidera la reconstruction dans le style Renaissance. Louis XII et François 1er y apporteront leur touche personnelle imprégnée de la Renaissance italienne : c’est en ce sens que l’on peut dire que le château d’Amboise est « un des plus italiens » du Val de Loire. Mais ici un point d’histoire nous interpelle particulièrement, notamment ceux qui ont fait la guerre d’Algérie ou qui en sont originaires. Après sa reddition en décembre 1847 au duc d’Aumale, l’émir Abd el-Kader y fut interné avec une suite nombreuse ; il fut libéré en 1852 par le prince-président. Il finira ses jours à Damas en 1883, intervenant pour protéger des chrétiens menacés, respectant toujours la France, qui l’avait lui-même respecté.
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Toujours à Amboise, nous pourrons nous rendre au Clos-Lucé, à quelque dix minutes à pied du château, mais pour ceux qui ont des difficultés à marcher un petit train est prévu. C’est au Clos-Lucé que Léonard de Vinci vécut ses trois dernières années. Nous admirerons les reproductions de ce génial ingénieur que fut le Florentin, sans oublier qu’il fut aussi mécanicien, hydraulicien, musicien, il jouait de la lyre, composait et bien sûr il était peintre. A ce sujet, seulement une trentaine de peintures sont répertoriées et dix sont formellement attribuées à Léonard, le reste étant réalisé en équipe.
Les Italiens ont longtemps reproché aux Français, et notamment à Bonaparte, de les avoir pillés, lors des guerres d’Italie. C’est peut-être vrai pour nombre d’œuvres, mais pas pour la « Joconde », puisque c’est Léonard qui l’a apportée dans ses bagages, lorsqu’il fut invité par François 1er à résider à Amboise. En ce qui concerne ce tableau, Gonzague de Saint-Bris, dont la famille est propriétaire du Clos-Lucé, dans son livre intitulé L’Enfant de Vinci (Grasset 2005, Le Livre de poche 2007), avance que ce serait le portrait de la femme « du gendarme » parce que Mona Lisa était la troisième épouse de Francesco di Bartolomeo di Zambini del Giocondo, commandant la gendarmerie de Florence.
« La Touraine est la France », disait Balzac. Nous sommes là au cœur de la France, c’est aussi un creuset de notre histoire, un des hauts lieux de notre civilisation. Plus près de nous, notre compagnon le professeur Pierre Levéel, dans son dernier livre Tours, métropole et capitale au cours des siècles (CLD, 2009), écrit : « Cette ville doit être considérée comme l’une des cités historiques où se forgea l’unité française. » Toujours dans ce livre notre compagnon cite Charles Colbert de Croissy (fils cadet du grand Colbert), intendant de la généralité de Tours de 1663 à 1666, qui vante « l’air universel de cette ville riche et opulente et des environs que l’on peut dire être une des plus belles, des plus riantes et plus fécondes contrées de l’Univers ».
Une telle terre si chargée d’histoire, si riche de monuments, si lourde de souvenirs, n’a pas manqué d’inspirer une foule d’écrivains. Parmi, ceux-ci , je citerai un enfant du pays, Alfred de Vigny, qui écrit : « Des vallons peuplés de jolies maisons blanches qu’entourent des bosquets, des coteaux jaunis par les vignes, ou blanchis par les fleurs de cerisiers, de vieux murs couverts de chèvrefeuilles naissants , des jardins de roses d’où sort d’un coup une tour élancée, tout rappelle la fécondité de la terre ou l’ancienneté de ses monuments. » C’est Rabelais qui s’exclame : « Je suis né et ai été nourri au jardin de la France, c’est la Touraine. » Le romancier René Boylesve notait à son tour ceci : « On sent qu’on pénètre dans un autre pays et ce nouveau pays est un jardin ! » Et Balzac enfin déclarait : « Honte à qui n’admirerait pas ma joyeuse, ma brave Touraine, dont les sept vallées ruissellent d’eau et de vin ». Et à ce sujet nous pourrions dire comme Rabelais avec frère Jean des Entonneurs : « Tout homme de bien aime boire du vin et du meilleur et jamais un homme noble ne hait le bon vin. »
Enfin, si j’ai un souhait à formuler, c’est que ce court séjour au « jardin de la France » vous incite à y revenir plus longuement, pour y admirer toutes les merveilles que nous ont laissées nos aïeux et que nous ne pouvons vous faire voir en si peu de temps. Vous direz alors avec le poète ligérien Joachim du Bellay.
« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage - Ou comme cestui-là qui conquit la Toison
Et puis est retourné plein d’usage et raison - Vivre entre ses parents le reste de son âge. »
Pour terminer, je voudrais publiquement remercier les compagnons de la section d’Indre-et-Loire qui ont particulièrement œuvré pour que ce 27éme congrès se déroule dans les meilleures conditions possibles, notamment Claude Chaillou, Evelyne Pla, Joseph Burgos, Michel Dupont, Michel, Davenier, Pierre Civré, Jean Vanpoperinghe et Jean-Marie Ferru.
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